lunes, 23 de marzo de 2020

Colloque sentimental


Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

— Te souvient-il de notre extase ancienne ?
— Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.

— Ah ! Les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible.

— Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir !
— L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.



Coloquio sentimental

Por el viejo parque solitario y helado
dos formas han pasado hace un instante.

Muertos están sus ojos y fláccidos sus labios,
y casi no se escuchan sus palabras.

Por el viejo parque solitario y helado
dos espectros evocan el pasado.

— ¿Recuerdas tú nuestra antigua pasión?
— ¿Y por qué queréis que la recuerde?

— ¿Late tu corazón tan sólo con mi nombre?
¿Todavía contemplas en sueños mi alma? — No.

— ¡Ah, los días hermosos de indecible ventura
en los que confundíamos los labios! — Es posible.

— ¡Cuán azul era el cielo y grande la esperanza!
— La esperanza, vencida, ha huido al cielo negro.

Tales iban andando por entre malas hierbas,
y tan sólo la noche escuchó sus palabras.


Colloque sentimental, poema de Paul Verlaine

Dos versiones por Léo Ferré y Philippe Jaroussky